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Satisfait

Petit précis du Chef


Afin de ressembler réellement à un chef, un certain nombre de pré-requis sont indispensables, ainsi que quelques règles de base à respecter scrupuleusement. Il est fortement conseillé de vous entraîner un peu, que ce soit devant une glace, en famille ou à l'aide de quelques amis avant de vous lancer dans le grand bain de l'entreprise où vos moindres faux pas risqueraient de compromettre la magnifique carrière qui s'offre à vous.

Par principe respectez la règle de base concernant vos horaires : Toujours être la avant vos responsables hiérarchiques, toujours partir après ou en même temps qu'eux. Et le plus important : faire en sorte qu'ils s'en rendent compte.

Il est primordial d'avoir deux attitudes différentes et bien tranchées suivant le niveau hiérarchique de la personne à qui vous vous adressez. Soit c'est votre supérieur, soit elle est sous vos ordres.

Devant vos responsables hiérarchiques vous devez toujours avoir le sourire et rire de bon cœur à chacun de leur trait d'humour, quel qu'en soit la teneur. De toute manière toujours acquiescer servilement avec le sourire, dans l'enthousiasme tempéré et serein de celui qui comprend que, de toute manière, c'était la meilleur solution. Quoiqu'il vous en coûte, toujours aller dans le sens de votre interlocuteur. Ne jamais paraître contrarié, toujours soutenir sa position, même si elle ne convient pas à la situation et quel qu'en soit les conséquences. Prenez toujours l'air détendu prévenant et attentionné, à l'écoute.

En face de vos subalternes. Afficher toujours l'air froid et préoccupé par des responsabilités qui les dépassent et qu'ils ne peuvent comprendre. Soyez toujours dérangé par leur intrusion et faite leur bien sentir. Prenez un masque froid et cassant pour éviter tout risque de manipulation de leur part. Quoi qu'il arrive et en toutes circonstances bannissez de votre comportement toute marque de respect ou d'attention, cela pourrai être perçu comme de la faiblesse. Ne vous excusez jamais en aucune circonstance. Si vous vous êtes emporté, c'est de leur faute. Ne dite jamais « s'il vous plaît » ni « merci ». Tout vous est du et on doit vous obéir aveuglément au doigt et à l’œil. Vous devez absolument en toutes circonstances avoir le dernier mot. Ne soyez jamais satisfait, c'est beaucoup trop risqué, votre subalterne pourrai en venir à croire qu'il a de la valeur. Or il n'en a pas. La preuve ? Il est sous vos ordres. Devenez maître dans l'art de déstabiliser et rabaisser les individus qui doivent vous obéir. Une multitudes de techniques sont à votre disposition pour vous y aider. En voici quelques unes.

Demandez à voir toutes les notes qui sortent de votre service. Quand on vous les présente faite les systématiquement refaire plusieurs fois. Trouvez toujours un mot ou une phrase à changer. Attendez qu'on vous la représente et recommencez. Essayez le plus possible de placer des petites phrases désobligeantes du style « non on ne peut pas dire ça » « ça ne va pas ». « vous n'avez rien comprit » « c'est quoi ce torche balle ». Cette technique doit s'appliquer à toutes les réalisations de votre équipe. Trouvez toujours quelque chose à redire et faite refaire le travail. Rien ne doit trouver grâce à vos yeux. Quand le projet est bouclé et prêt à être livré, dites que de toute manière ce n'est pas terrible, qu'il faudra trouver autre chose, mais qu'on devra provisoirement s'en contenter. Cette manière de faire motivera votre équipe à rester concentré et à ne pas se satisfaire de ce qu'elle fait.

Donnez à votre groupe l'impression que vous êtes de leur coté. Critiquer systématiquement la direction, les instances supérieures, et les autres Chefs, en prenant garde d'ajouter « que cela ne sorte pas du service ». Faite en sorte que vos subalternes aient peur pour leur emploi, mettez les dans une position d'insécurité et reportez la faute sur la direction. Distillez largement la peur et la suspicion Émaillez vos discours de « vous n'avez pas que des amis » « faite attention à qui vous parlez » « vous ne savez pas ce qu'on dit dans votre dos ». D'une part vous semblerez avoir une attitude paternaliste et protectrice, d'une autre vous maintiendrez votre équipe dans une ambiance de paranoïa ambiguë dont vous pourrez tirer avantage. Si vous en avez la possibilité favorisez au maximum les tensions et les jalousies dans votre groupe. Surtout développez un sentiment fort d'insécurité. Emportez vous, soyez irascible. Changez souvent d'idées faites des volte-faces soyez imprévisible. Il est important que, à chaque fois que vous êtes en contact avec un de vos subalterne, celui-ci ne sache pas ce que vous allez encore pourvoir lui dire, ni comment vous allez vous comporter. Surprenez le et déstabilisez le. Ne comprenez jamais rien à ce qu'il vous dit et faite le répéter plusieurs fois, puis revenez plus tard sur le sujet. A force d'essayer d'expliquer il finira bien par s'embrouiller. Il y a toujours des questions sans réponse, trouvez les. Une fois que votre subalterne avoue ne pas savoir ou reste sans voix, accablez le franchement c'est un nul de pas y avoir pensé ou de ne pas savoir.Heureusement qu'il vous a comme chef. Renvoyez le refaire sa copie avec l'air exaspéré d'être entouré d'autant d'incompétence. Dramatisez tout, ne souriez jamais, ayez toujours l'air préoccupé.

Quand vous donnez un travail à faire, assurez le suivie. Tous les matins en arrivant et en disant bonjour, demandez ou ça en est. Dans la journée à intervalles réguliers et rapprochés appelez votre subalterne et demandez lui de venir faire le point dans votre bureau. Insistez pour qu'il passe vous voir avant de partir le soir pour faire le point. Cela devrait suffisamment perturber son travail pour que vous ayez quelque chose à lui reprocher. Dites lui toujours que ça traîne. Imposez lui des actions complémentaires sans lui demander son avis ou l'écouter. S'il émet une opinion, réfutez la systématiquement, la meilleur façon étant encore de ne jamais argumenter, vous dite « Je vous dis NON ! » ça suffit ! Au besoin répétez le jusqu'à ce que le message soit bien passé, en élevant le ton et en vous mettant franchement en colère. Plus vous serez hors de vous, mieux vous serez compris. N'hésitez surtout pas à être vulgaire, c'est de toute manière le seul langage qu'il puisse comprendre. A l'avenir votre interlocuteur évitera soigneusement de vous contredire et aura plutôt tendance à accepter sans rien relever tout ce que vous pourriez dire. Changez votre fusil d'épaule et de direction en plein projet, envoyez le seul au casse pipe. Déléguez votre subalterne à votre place dans les réunions avec comme consigne de ne rien dire et juste d'écouter. A son retour faite lui résumer ce qui c'est passé, critiquez et renvoyez le dire que rien ne va plus. Il passera pour un imbécile, ce qui est le cas. N'assumez jamais vos responsabilités faites les porter par les autres.

Vous ne risquez rien ! Vous bénéficiez de l'immunité. Vous n'en êtes pas persuadé ? Vos subalternes sont sous vos ordres parce qu'ils ont besoin de la contre partie financière que leur donne l'entreprise. Ils ne peuvent pas remettre directement en cause votre autorité sans risquer leur sécurité. Ils ne sont pas fous, il ne le ferons pas. De toute manière les personnalités trop retords partiront au bout de quelques jours, voir quelques mois à ce régime. Les rescapés ne se risqueront à rien et subiront votre loi. Sinon c'est qu'ils ne sont pas à la hauteur de ce qu'on leur demande, ils ne méritent aucun respect, ce sont des faibles. Certains même penserons que le problème vient d'eux et qu'ils ne sont pas capable de supporter leur conditions de travail. Ils culpabiliserons et aurons trop honte d'avouer être humilié de la sorte. Bref ne vous en préoccupez surtout pas. Étouffez dans l’œuf toute tentative de rébellion en vous cachant derrière la direction. Ne faite pas remonter les problèmes ou juste sous l'angle qui vous est le plus favorable. Vous êtes couvert. En cas de débordement, plaidez pour les problèmes psychologique de la personne et ces difficultés relationnels.

Soyez prudent ne laissez jamais de traces écrites, contentez vous d'intriguer en coulisse dans le dos de tout le monde. Parez vous toujours d'un masque de vertu pour semer la zizanie autour de vous, sous prétexte d’œuvrer pour le bien commun. Laissez toujours les autres prendre les décisions, comme cela on ne pourra jamais rien vous reprocher, contentez vous juste de bien signaler les risques par écrit. De cette manière, soit ça marche et tout le monde aura oublié, soit ça ne marche pas et vous pourrez ressortir le papier et accabler les autres.

Si vous respectez scrupuleusement les quelques conseils de bon sens qui précèdent, vous devriez pouvoir faire une belle carrière dans ce merveilleux métier qui vous assurera respect et reconnaissance de la part de tous. Vous serez respecté, on louera votre efficacité et votre dévouement à l'entreprise, votre sécurité financière ira croissante. Vous serez Chef.



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